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Miss Marmotte
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25 février 2015

Lecture

Tout le monde aura compris, en ce moment, je lis..........

Cette fois-ci

Eldorado de Laurent Gaudé

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*

J'étais déjà avec tous mes sens en alerte au simple fait d'entendre aux informations à la Radio : "Lampedusa".

Je n'ai pas de mot, aujourd'hui pour vous parler de ce livre, il est à lire.

J'ai choisi deux extraits, ils ne résument rien, ils font parti de....

Ils sont des passages écrits dans une langue que je comprends.

"Je regarde mon frère qui contemple les orangers, le fouillis des voitures et la foule des passants et je sais ce qu'il pense. Il boit son thé sans quitter des yeux cette place qu'il ne reverra plus. Il essaie de tout enregistrer. Oui, je sais ce qu'il pense et je fais comme lui. Immobile, je laisse les bruits et les odeurs m'envahir. Nous ne reviendrons plus jamais. Nous allons quitter les rues de notre vie. Nous n'achèterons plus rien, jamais aux marchands de cette rue. Nous ne boirons plus de thé, ici. Ces visages bientôt se brouilleront et deviendront bientôt incertains.

Je contemple mon frère qui regarde la place. Le soleil se couche doucement. J'ai vingt cinq ans. Le reste de ma vie va se dérouler dans un lieu dont je ne sais rien, que je ne connais pas et que je ne choisirai peut-être même pas. Nous allons laisser derrière nous la tombe de nos ancêtres. Nous allons laisser notre nom, ce beau nom qui fait que nous sommes ici des gens que l'on respecte. Parce que le quartier connait l'histoire de notre famille.. Il est encore dans les rues d'ici, des viellards qui connurent nos grands-parents. Nous laisserons ce nom ici, accroché aux branches des arbres comme un vêtement d'enfant abandonné que personne ne viendra réclamé. Là où nous irons, nous ne serons rien Des pauvres. Sans histoire. Sans argent."

*

"Nous ne pouvons que vieillir ensemble désormais mon frère. Je deviens fou si je te perds. Je ne veux pas voir mes fils lever les yeux au ciel lorsque je leur parlerai, pour la centième fois, du cousin de Port-Soudan. Que comprendront nos enfants à ces deux viellards nostalgiques que nous serons devenus ? Les rites que nous leur enseigneront les ennuieront. La langue que nous leur parlerons leur fera honte. Nos habits. Nos accents. Ils voudornt se cacher de nous. Et nous le sentirons. Car il nous arrivera à nous même de nous cacher. Je ne veux pas les entendre soupirer lorsque je dirai que la menthe du jardin de ma mère était la meilleure du mode, alors je ne leur dirai pas. Et c'est vers toi que j'irai. Toi seul sera d'accord avec moi. Ces évocations lointaines, comme à moi, te feront du bien. Nous goûterons le doux soulagement des exilés qui parlent de leur manque pour tenter de le combler. Nous viellirons ensemble mon frère. Promets le moi. Ou je ne viellirai pas.

*

Je vous souhaite de le lire ...............

 

Commentaires
C
Je le lirai, l'exil résonne tant en moi. Je n'ai lu que Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé, et déjà dans ce livre, c'est le passage avec le frère et sa barque et les clandestins qui m'a le plus touché. Merci de ce partage.
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